vendredi 3 février 2012

II et fin.

Par l'écoute et le mouvement, et surtout après la mort de ma grand-mère qui survint, je me trouvai ainsi en présence de la rencontre : mais, comment définir la rencontre?
La rencontre fait certainement intervenir des sentiments profonds comme la peur ou bien l'élan ; la rencontre cela peut être apprendre, me connaître et reconnaître l'altérité, ce qui est autre, l'inconnu, le mystère qui suscite la curiosité et renvoie à mon propre mystère : je nais, je me construis, je m'assois, je marche, je parle une langue, je continue d'évoluer mais je ne maitrise pas le pourquoi. Au mot altérité, c'est l'image de l'algue qui me vient, celle de l'algue qui se colle à ma peau lorsque je ma baigne en bord de mer ; je la rejette, surprise, mais j'ai appris le contact, la sensation (le toucher), le dégoût si cela ne me plait pas et, plus tard, tout est possible. Dans mon cas, lors des trois années que je passai au Japon, j'ai même appris qu'il n'y avait pas une algue mais des algues, que le wakame est tendre et fin et s'allie très bien à la soupe miso, que le caoutchouteux kombu lui ne se laisse pas facilement croquermais qu'il me révèle le goût d'autres aliments lorsque je l'utilise en bouillon. Et je continue d'apprendre...

Aussi, la rencontre est possible seulement si ma propre organisation interne se laisse désorganiser. Je me remémore le conte inuit de la femme squelette rapporté par une des participantes au cours de * sur le métissage culturel créateur auquel je participais lors de mon stage pratique de fin de formation. Celle-ci, laissée pour morte au fond d'un lac par son père plusieurs années auparavant, rencontre un pêcheur qui tremble de peur devant sa macabre découverte ; elle le poursuit jusque chez lui. Cette femme squelette écoute les battements de cœur du pêcheur qui lui servent de base de rythme sur laquelle elle s'appuie pour chanter la vie ; alors, elle se reconstruit, altérée*.
La formation DUFA a été pour moi source de rencontres heureuses ou malheureuses, elle m'a déconstruite et reconstruite me prenant toujours par surprise. Les modules et les formateurs se sont suivi sans se ressembler, une certaine dynamique de groupe s'est installée et j'ai rencontré, dans ce cadre réflexif du DUFA de * mes nombreuses limites, l’extrême richesse de l'imaginaire aussi. J'ai découvert également la limite des mots qui certes décrivent mais ne créent pas toujours de liens.
Lorsque je me suis inscrite à cette formation DUFA, j'avais un grand besoin de réveiller l'autre qui était en moi et c'est par les rencontres que cela se produisit. A présent, à cette étape d'introduction, je ne sais toujours pas si je serai très bientôt formatrice pour adultes mais je suis heureuse de faire confiance aux rencontres, d'y prendre part, de m'animer grâce à elles, toujours dans un processus de formation."

* "La femme Squelette", conte inuit rapporté par Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups, Ed. Grasset, 1996.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire