vendredi 3 février 2012

I.

"Le récit est organisé de manière à donner un sens à l'histoire et le sens varie en fonction du présent" dixit la formatrice du module "histoire de vie". Mon récit de formation quant à lui s'organise autour de la rencontre dans un processus d'apprentissage.
Les rencontres sont imprévisibles comme des chemins de campagne. Elles sont souvent plusieurs, multiples et multiformes tout comme les chemins ne sont jamais exempts de cailloux, multicolores couches géologiques et encore de signes du monde vivant sous terre. le rencontre surgit et et ne se laisse pas facilement cerner et analyser : elle aime sa liberté et n'est pas toujours tendre. Depuis de nombreuses années, elle est pour moi papier japonais, transparente et filigranée. Je ne sais où elle me porte mais c'est cette rencontre qui me forme et me construit. Dans la trame de ma réflexion au cours de la formation DUFA, j'ai eu quelques difficultés à mettre à jour l'importance qu'elle revêt pour moi. Je me demandai donc ce qui m'animait dans un processus d'apprentissage et quel sens je donnais au mot formation.
Tout au long des modules du DUFA, je me suis d'abord interrogée de façon rationnelle, en me concentrant sur les dires et les expériences des formateurs qui nous en présentaient les différents aspects et aussi sur les remarques et réflexions de mes pairs qui, comme moi, suivaient cette formation. Puis, à court de pistes, je me suis laissée aller à une approche plus intuitive au travers d'exercices de type rogérien lors d'entretiens en approche centrée sur la personne que j'effectuais avec un de mes pairs après les vacances de fin d'année.

J'avais bien, deux mois après le début de ma formation, quelques mots clés pour construire cet écrit : le corps, l'espace, être auteur, les différences, le groupe, l'expression des sensibilités, le changement,etc. Je me laissais happer par l'attrait de ces îlots approchés puis je compris que, tout au long de ce voyage dans le paysage de la formation, il y avait, sous-jacente, l'écoute fédératrice. Comme * l'a exprimé cette année lors du module du psychodrame, "il n'y a pas de formation sans liens". Pour ma part, le lien était l'écoute. celle-ci renvoie au monde sensible : soi, le monde, sa place dans ce monde et me renvoie aussi à moi en tant qu'être humain dans ce monde (cf. Boris Cyrulnik*). J'ai pour ma part, passé mon enfance à la campagne, attentive au monde vivant alentour et allais danser quelques dix heures par semaine dans un studio face à la mer, au son clair du piano et à l'écoute du mouvement de mon corps. Je dirai l'importance de l'écoute dans ma formation dans la première partie de cette réflexion écrite ; force est de constater que c'est toujours au travers d'elle que j'évolue. Néanmoins, je ne pouvais parcourir mon processus de formation passée et actuelle sans horizon. Or, c'est le mouvement, turbulent ou léger qui m'inscrit dans une temporalité qui rappelle la spirale en recherche-action**. Pour moi, le mouvement renvoie à la vie, au processus de la vie qui m'habite (avec aussi la mort et des blessures psychologiques) et à l'identité que je me crée qui n'est pas stable et ne sera sans doute jamais stabilisée [...]"

* Boris Cyrulnik, Edgar Morin, Dialogue sur la nature humaine, Ed. de l'Aube, 2000
** René Barbier, La recherche-action, Ed. Economica, 1996

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